De nombreux détaillants en alimentation du Québec attendent toujours les réductions de coûts promises par Visa et MasterCard

Septembre 2016

Nous ne voyons pas d’un bon œil l’atteinte d’un taux moyen de 1,5 % dans l’industrie canadienne du paiement par carte crédit tel que confirmé, aujourd’hui, par le ministre des Finances du Canada. Loin d’être une bonne nouvelle, cette annonce confirme que ce sont les plus petits détaillants qui subventionnent les taux privilégiés offerts aux grands groupes.

L’ADA suit les taux effectifs chez les détaillants depuis des années et nous savions déjà que de nombreux détaillants ne bénéficient pas de taux de base de 1,5 % (niveau moyen que s’étaient engagés à maintenir les deux géants du crédit pour une durée de 5 ans débutant en avril 2015). Elle déplore qu’en l’absence d’encadrement, Visa et MasterCard continuent de privilégier les plus grands détaillants en faisant payer les plus petits. « Ça fait plus de 20 ans que je suis dans l’industrie du dépannage, je n’ai jamais payé moins de 1,8 % en moyenne. Ça représente des frais de plus de 105 000 $ par année. Je me réjouis pour ceux qui ont la capacité de négocier un meilleur taux, mais je trouve ça injuste. » explique André Forget, propriétaire de dépanneurs et stations-services dans l’Est de Montréal.

En contrepartie, l’ADA tient à saluer l’initiative du Ministre Morneau de lancer une analyse du système de paiement canadien, nous comptons évidemment y prendre part. Entretemps, nous espérons que le Ministre ne tardera pas à rendre public l’audit en question. « C’est selon nous la bonne façon de procéder. Nous espérons que le processus sera ouvert et qu’il permettra de faire la lumière sur les raisons qui justifient qu’un détaillant canadien doit payer cinq fois plus qu’un détaillant européen pour une transaction équivalente » a déclaré Pierre-Alexandre Blouin, Vice-président Affaires publiques de l’ADA.

Le Canada demeure un des endroits où accepter les paiements par carte de crédit coûte le plus cher au monde. Les taux sont plafonnés à 0,5 % en Australie et à 0,3 % dans les pays de l’Union européenne. Pour Franck Hénot, copropriétaire de la Fromagerie Bleu & Persillé située à Montréal, la situation est devenue critique pour les indépendants comme lui : « Il faut que le gouvernement agisse, je n’ai aucun contrôle sur les hausses constantes des frais d’acceptation des cartes de crédit. Qu’est-ce que je peux faire pour compenser ? Je coupe des heures de personnel ? J’augmente mes prix ? Je suis loin d’avoir le pouvoir de négociation de Costco ou Walmart. »

Détaillants, organisations caritatives, institutions scolaires, services gouvernementaux, tous épongent la note de 5 à 7 milliards de dollars annuellement pour l’acceptation des paiements par carte de crédit. « Le moment est propice pour un bon ménage au Canada. Le projet de loi C-236 déposé par la députée Linda Lapointe a bien mis la table, nous espérons que les prochaines actions du gouvernement permettront de régler le déséquilibre grandissant dans le marché » ajoute M. Blouin.

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