Four loko et FCKD UP : des boissons qui font scandale

Avril 2018

Les alcomalts ont fait les manchettes ces derniers mois. Tout d’abord, l’embouteilleur Solar a dû rappeler 34 boissons commercialisées par la compagnie américaine Blue Spike, lorsque la Régie des alcools, des jeux et des courses du Québec (RACJ) a réalisé que les boissons contenaient de l’alcool ajouté, et non fermenté, comme le prévoit la loi. La boisson Four Loko a disparu des tablettes suite à un rappel de la RACJ. Rappelons que les détenteurs de permis d’épicerie ont la responsabilité de ne pas vendre des produits alcoolisés ne provenant pas d’une fermentation. Si une infraction est constatée, le détenteur est soumis à une amende et peut éventuellement perdre son permis. En cas de rappel, les détaillants ont l’obligation de retirer les produits des tablettes et de les entreposer dans un endroit à l’abri des consommateurs, en attendant que le distributeur vienne les récupérer. Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs détaillants ne savent pas s’ils seront compensés puisque les fabricants peuvent proposer un remboursement ou un crédit. La situation des fabricants est bien différente à cet égard.

Cependant, la situation a pris une autre tournure après le décès d’une jeune Lavalloise le 1er mars. L’adolescente de 14 ans a été retrouvée morte dans un ruisseau près de l’école, apparemment après avoir ingéré du FCKD UP qui avait été préalablement dérobé dans un dépanneur. Ce n’est pas la première fois que ces boissons font débat puisque des médecins et des intervenants de santé publique ont dénoncé les risques liés à l’ingestion de ces boissons depuis leur mise en marché il y a 18 mois. Ils critiquent le taux d’alcool élevé lié à l’ajout d’additifs énergisants (taurine ou guarana) et de sucre, faussant le sentiment d’ébriété entraîné par la consommation rapide de ces produits. Dès le 2 mars, la compagnie Geloso, qui commercialise FCKD UP, a annoncé le retrait de ce produit des tablettes.

Le 13 mars, le gouvernement provincial a interdit la vente d’alcomalts contenant plus de 7 % d’alcool dans le réseau privé et a annoncé des amendements au projet de loi 170 pour revoir le règlement sur la promotion des alcools. La SAQ devrait accueillir ce type de produits, si elle le désire, mais Alain Brunet a exprimé plusieurs réserves à cet égard. Au même moment, l’Institut National de santé publique du Québec a rendu public son rapport sur la consommation d’alcool chez les jeunes. Les auteurs invitaient le gouvernement à augmenter sans plus tarder les prix minimums et à revoir l’encadrement des promotions, indispensable pour favoriser une consommation responsable. Enfin, le 19 mars, le gouvernement fédéral a invité les Canadiens à se prononcer sur la teneur en alcool de ce type de boissons.

Nous sommes favorables à la proscription des additifs énergisants, afin que la réglementation soit cohérente avec celle qui existe actuellement.

L’ADA a écrit à Santé Canada ainsi qu’au ministre de la Sécurité publique et à la ministre déléguée à la santé publique et à la protection de la jeunesse pour les sensibiliser au fait que l’interdiction pure et simple des alcomalts ne constituait pas une solution à toutes les problématiques complexes. L’ADA s’est montrée favorable à la proscription des additifs énergisants, afin que la réglementation soit cohérente avec celle qui existe actuellement et qui ne permet pas le mélange alcool-caféine dans une boisson sucrée. De plus, elle a invité les autorités à faire preuve de prudence et de discernement vis-à-vis des arguments des différentes parties prenantes. En effet, différents alcools ont des caractéristiques comparables aux alcomalts soit en niveau de sucre, en faible perception du goût d’alcool ou encore en niveau d’alcool. Une interdiction pure et simple aurait des effets pernicieux sur toute une industrie sans pour autant régler le phénomène d’alcoolisation des jeunes, dont les modes de consommation peuvent être inquiétants.

L’ADA a également demandé un meilleur encadrement des normes de promotion, pour lutter notamment contre les stratégies de promotions mal balisées qui contribuent à la banalisation de l’alcool et tirent la catégorie vers le bas. L’ADA a par ailleurs partagé ses commentaires dans le cadre des consultations parlementaires menées sur le projet de loi 170.

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